mercredi 20 septembre 2017

"Veridienne" de Chloé Chevalier (Récits du Demi Loup tome 1)

Acheté lors d'une opération Bragelonne, j'ai repéré ce livre, parlant de princesses et de suivantes, après de nombreux avis positifs sur la toile.

Résumé

Couverture Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne
Au bord de l’implosion, le royaume du Demi-Loup oscille dangereusement entre l’épidémie foudroyante qui le ravage, la Preste Mort, les prémisses d’une guerre civile, et l’apparente indifférence de son roi. Les princesses Malvane et Calvina, insouciantes des menaces qui pèsent sur le monde qui les entoure, grandissent dans la plus complète indolence auprès de leurs Suivantes. Nées un jour plus tard que les futures souveraines auxquelles une règle stricte les attache pour leur existence entière, les Suivantes auraient dû être deux. Elles sont trois.



Mon avis

J'ai bien aimé ce livre, qui nous plonge dans un univers médiéval où les intrigues politiques sont nombreuses et au premier plan.

Les personnages principaux sont féminins, et pour une fois ne subissent pas une quête initiatique à travers le royaume (même si les premières pages concernant de Calvina et Lufthilde pourrait s'y apparenter).
Même si certains passages tournent au conflit adolescents, j'ai apprécié la toile de fond sous-jacente, et notamment la dégradation progressive du royaume Demi Loup, abandonné par son roi qui semble y faire surtout acte de présence. La menace de la maladie et le retour du Prince réveille ce royaume endormi.

En refermant ce livre, je me suis surtout qu'il était surprenant qu'un royaume laisse autant de liberté à 'ses princesses' appelées à prendre le pouvoir, et qu'il manque finalement une figure parentale à cette troupe de jeunes filles qui vivent au rythme de leur vie de château sans vraiment appréhender le monde extérieur.
Les relations entre les princesses et leur suivantes font partie du charme de ce roman, pas vraiment  domestiques, mais pas leur égales non plus. Leur rôle est difficile à appréhender, d'autant plus qu'il existe des entorses assez faciles aux règles et que ce fonctionnement n'est pas "classique" dans la littérature.

Le rythme est assez lent, l'histoire rapporté par des journaux qui s'alternent, avec parfois quelques difficultés à reconnaitre la plume initiale, le style étant assez linéaire.
L'univers se développe au fur et à mesure, et une fois la dernière page tournée, j'ai envie de découvrir la suite. Les personnages principaux et secondaires finalement ne sont qu'ébauchés, ainsi que leur monde et on perçoit la richesse des caractères et de leur évolution potentielle et leur retentissement sur l'univers. Rien ne semble figé à la fin de ce premier tome et les possibilités pour la suite semblent vraiment pouvoir partir dans plusieurs orientations très différentes.

Au total : Un premier tome qui met bien en place l'univers du Demi Loup et donne envie de poursuivre les histoire de Calvina/Malvane et leur suivantes, d'autant plus que l'adolescence étant terminée, leur action auront du poids

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Lettre C : 376 pages

lundi 18 septembre 2017

"La servante écarlate" de Margaret Atwood

Intriguée par le regain d’intérêt pour ce roman, je l'ai lu (lentement mais surement en un bon mois) avant de découvrir la série télévisée.

Résumé 

Couverture La servante écarlate 
Dans cette société régie par l'oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L'une d'elle raconte son quotidien de douleur, d'angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d'une vie révolue, d'un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom.





Mon avis

J'ai beaucoup apprécié cette dystopie dont certains codes sociétaux font écho à la place de la femme dans certaines sociétés actuelles et passées.

Sans être un roman féministe, j'ai apprécié découvrir le rôle attribué à chaque femme, et regrette que le roman soit centré sur un seul personnage. Defred est en effet un personnage troublant, et très réel dans sa soumission avec une pointe de transgression et met bien en avant la difficulté d'entrer vraiment en résistance, du fait des moyens de pression utilisées par les oppresseurs.

La description de la société, de la manière dont elle s'est construite ressemble un peu à l’Allemagne nazie, référence qui est confortée par la postface (qu'il faut absolument lire car elle éclaire le récit d'un œil extérieur et apporte des réponses à certains flous). Le rôle de la femme dans sa fonction procréatrice est mis en avant par le personnage principal, mais l'entourage notamment les Martha ou les domestiques restent assez mystérieuse. On sent l'oppression sous le coté lisse de la société, et les privilèges de ceux au pouvoir et qu'ils font tout pour conserver. J'ai trouvé interessant d'avoir à la fois le quotidien très monotone des servantes et de découvrir aussi l'envers du décor. Les personnages secondaires apparaissent au gré des "rencontres" de Defred, notamment selon l'évolution des familles dirigeantes et parfois apportent un éclairage complémentaire.
La place de l'enfant y est surtout abordée par le stade foetus, et il est troublant de voir qu'il est central sur ce plan là, mais que l'enfant en lui même semble détaché des préoccupations des personnages dirigeants.

Par ailleurs, l'arrivée au pouvoir des extrémistes religieux se fait par flash back régulier et montre la diminution progressive des libertés ayant permis l'instauration de cet univers. J'avoue avoir eu un peu de mal au départ avec le style froid de la narratrice et les retours au passé incessants, mais après quelques chapitres, l'alchimie se fait et les deux versants de l'histoire qui se complètent nous tiennent en haleine.
J'en profite pour saluer la fin du roman qui surprend par son ouverture.

J'ai commencé la série (épisode 5 au moment de l'écriture de l'article) et je trouve vraiment intéressant la manière dont elle complète le roman, notamment sur certains personnages secondaires, comme Moira ou Deglen. Les femmes y sont vraiment mises en avant, dans leur lutte contre l'oppression et paraissent moins passives que dans le roman.
La société y est aussi développée progressivement, et les flash back plus étoffés.

Au total : Une série et un roman qui amène une réflexion sur la place de la femme dans son coté maternel et sur la manière de résister.