jeudi 28 juin 2012

"L'étranger" d'Albert Camus


J’ai tenté de lire, il y a quelques temps La peste du même auteur, sur de chaleureuses recommandations  et je n’ai pas réussi à apprécier de livre. J’ai décidé de tenter un autre titre de cet auteur classique.

Résumé

"Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français..."





 
Mon avis

Un avis finalement un peu long, car je ne suis pas sure que beaucoup arrive à cette page, j'y parle de tout ce qu'est passé par la tête, y compris du dénouement (qui apparait de toute manière sur le résumé du livre...).

En lisant/survolant le quatrième de couverture, j’ai pensé me retrouver dans un procès sur la seconde guerre mondiale, mais non, ce livre nous transporte en Algérie, au temps de la colonisation et des pieds noirs. Le racisme ambiant est pesant, comme la chaleur qui semble y régner.

Le personnage principal est un psychopathe, dans le sens, sans affect. Il est difficile d’éprouver de la sympathie pour cet homme et de comprendre ses réactions. On le pense suiveur, mais je n’en suis pas sure, il est surtout déconnecté de la réalité sociale, des contraintes.
On le découvre au jour de l’enterrement de sa mère, puis dans sa vie quotidienne, jusqu’à la scène sur la plage qui va changer sa vie.

Son procès donne une impression d’injustice, car il est jugé pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a fait. Mais peut-on vraiment séparer les 2 ?

« Il a déclaré que je n’avais rien à faire avec un société dont je méconnaissais les règles les plus essentielles et que je pouvais pas en appeler à ce cœur humain dont j’ignorais les réactions élémentaires »

Durant le procès, ses réactions sont troublantes, à la fois car il semble anesthésié de tout ce qui se dit, mais aussi par son coté « innocent », qui semble découvrir le tribunal.

« …, dans un sens cela m’intéressait de voir un procès. Je n’en avais jamais eu l’occasion dans ma vie. » page 126
« En quelque sorte, on avait l’air de traiter cette affaire en dehors de moi. » page 149

Je pense que ce qui est perturbant aussi c’est le phrasé comparé au contenu, les phrases sont simples, le vocabulaire n’est pas très riche tout ne véhiculant un message fort. De même Mr Mersault semble à la fois capable d’une réflexion poussée tout en ayant un comportement qui laisse à penser qu’il n’anticipe pas les conséquences de ses actes. A travers ce procédé, j’ai l’impression de voir plutôt le message de l’auteur sur des sujets qui le tiennent à cœur.

De même certains préfèrent la seconde partie, probablement, car, ayant été « témoin des faits » de manière assez proche finalement, on s’autorise à juger nous aussi les actes de Mersault, et la manière dont le procès est mené nous convainc de l’injustice qui émane de ce tribunal, et nous amène à compatir avec l’accusé, alors qu’auparavant, on le regardait d’un œil neutre et plein d’incompréhension.

Je me pose la question de l’époque qui doit expliquer certaines réactions. Mersault est un homme simple, un ouvrier sans ambition qui vit sa vie tranquillement sans trop se pose de question. Actuellement, on a l’impression qu’on peut porter plainte pour tout, se retrouver au tribunal pour peu, et devant le nombre de film et de série télévisé qui montre un tribunal, sans y avoir mis les pieds, je m’imagine le déroulement.
Enfin il est sur que jamais j’écrirais une lettre à la demande de Raymond, mais dans les années 40 ?

« Le fait que la sentence (…) avait été porté au crédit d’une notion aussi imprécise que le peuple français (ou allemand ou chinois), il me semblait bien que tout cela enlevait beaucoup de sérieux à une telle décision. » page 165

 Au total : Un livre court qui amène réflexion sur la peine de mort (à comparer avec le dernier jour d’un condamné de V. hugo ?) et qui malgré mes appréhensions se lit plutôt facilement.

Je retenterais « La Peste » un jour…

Et encore des challenges

PAL de l’été
ABC

1 commentaire:

  1. En effet, le livre se lit très facilement, se dévore même. J'ai été surprise par le vocabulaire simple et les tournures de phrases limpides. Un message important véhiculé à travers ce court roman, une réflexion intéressante :)

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