samedi 2 juin 2012

"Jours sans faim" de Delphine de Vigan


Après avoir lu "Rien ne s’oppose à la nuit", je m’étais posé la question de lire ce livre auquel elle fait référence. Prêtée par une collègue, j’ai retrouvé avec plaisir la plume douce et sensible de Delphine de Vigan

Résumé
(source Livraddict)

Laure a 19 ans, elle est anorexique... Jours après jours, elle raconte, analyse, décrit... Trois mois d'examen de soi, d'une vie comme dans un aquarium, un livre sincère, sans rancune, sans apitoiement, juste la précision des mots et la vivacité de l'analyse. On découvre un paysage mental, captivé par ce premier roman.






Mon avis

Ecrit en 2001 sous un pseudonyme, ce livre retrace l’hospitalisation d’une anorexique, Laure. La narration est à la fois à la troisième personne, même si certains passages laissent le doute avec le « je »

Il décrit kilos par kilos, jour par jour, la bataille que se livre ces jeunes filles pour se raccrocher à la vie tout en voulant conserver le contrôle. J’ai trouvé d’ailleurs intéressant les rencontres de Laure avec d’autres anorexiques, Fatia, et Anais qui suivent une autre route, un parcours différent même si leur chemin se croise du fait de l'hospitalisation.
Du corps dénutri, sans volonté du début, elle décrit bien l’anesthésie ressentie, cette faiblesse corporelle qui la rassure presque, ses premières rencontres avec le médecin, dont on sent toute la reconnaissance qu’elle lui porte pour sa patience et son écoute.

« Anorexique. Ca commence comme Anorak, mais ça finit en hic. Dix pour cent en meurent à ce qu’il paraît. Par inadvertance peut-être. » p 20

Elle décrit le milieu hospitalier avec ses défauts, ses qualités d’un ton juste. Ce rythme artificiel mais nécessaire pour avoir un cadre, la confrontation avec les autres malades hospitalisé pour des soucis différents, leur regard, compatissant, faussement empathique, ceux qui vident leur sac en pensant tout savoir.

Et finalement, avec l’amélioration de sa situation, on observe que le prénom de Laure devient plus présent dans la narration. Initialement désignée par elle, on finit par Laure, au fur et à mesure de l’hospitalisation, de la prise en charge, on découvre des bribes de son passé, des bribes de sa vie, de ses permissions.

La transgression est présente, il faut contourner le cadre de l’hospitalisation pour se sentir exister, se sentir soi. Garder le contrôle sur la machine, sur la prise de poids, sur les autres. Les sentiments qu’elle décrit sonnent juste, et on comprend mieux la souffrance de ces jeunes, et pourquoi l’hospitalisation est le plus souvent difficile, car finalement, le cas de Laure, malgré ses difficultés est pour moi assez rare, même si le livre s’arrête avant que l’on puisse savoir si elle a rechuté.

Comme on le pense, le contexte familial difficile, la relation avec ses parents ont une part à jouer dans cette maladie. Et c’est à ce moment que le parallèle avec son dernier livre apparait, à travers les quelques scènes où Laure retrouve sa mère ou se souvient de leur vie ensemble, à travers le conflit entre ses deux parents, à travers leurs comportements toxiques, sans qu’ils s’en rendent forcément compte.

« Tu préfères papa ou un yaourt ? » p 91

« Quand Laure était enfant, sa mère voulait mourir. Elle parlait du suicide comme d’un acte très noble mais très triste aussi. »

Le transfert que Laure fait sur le Docteur Brunel est intéressant à suivre, et à travers ses mots, on voit le professionnalisme de ce médecin, pour être proche en sachant conserver de la distance, l’écouter pour mieux la soigner.

« Le docteur Brunel maintient la pression. Quand il s’approche d’elle, il garde les mains dans les poches de sa blouse. Il ne la prendra jamais dans ses bras, elle doit s’y résoudre. » p102

Au total : Un livre sur l’anorexie, qui relate le parcours hospitalier de la renutrition et le chemin personnel d’une jeune femme contre la maladie. A lire si on s'intéresse au sujet.

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